Rentrée scolaire : L’habileté, le risque et le choix

Rentrée scolaire : L’habileté, le risque et le choix

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Vu de la télévision, le consensus est proche. L’éducation de nos enfants est une priorité pour tous. Leurs enseignants doivent être valorisés, les parents soutenus.

Le Président de la République dans une longue lettre qu’il vient d’adresser aux enseignants, poursuit son interminable campagne électorale. Tout y est : du rôle de la communauté éducative à la place de l’enfant, de la lutte contre l’échec à la promotion de la diversité culturelle, de la transmission du goût des sciences à la défense de la laïcité, de l’émancipation par les disciplines artistiques au dépassement par le sport, de la nécessité de transmettre un humanisme à celle de répondre aux besoins de l’économie…

Tout y est, sauf les moyens de parvenir à la satisfaction des objectifs. Alors que le Haut Conseil de l’Education a le 17 août remis un rapport critiquant un enseignement primaire « résigné » à l’échec scolaire précoce, aucune réponse adéquate ne pointe.

La baisse de l’acquisition et de la maîtrise de la langue interroge non seulement l’école mais toute la société. La baisse de concentration, le zapping permanent, sont moins l’effet de programmes défaillants que de l’incapacité de l’école à tout régler. Les enfants sont aussi soumis aux influences des programmes télévisés, de la publicité, des nouveaux médias et de la toute puissance de la société de consommation. Envisager de traiter de leur avenir dans le cadre étroit de l’éducation nationale, relève du mensonge ou révèle une cécité.

L’éducation n’est pas seulement affaire de quantité, convenons-en. Mais admettons aussi que la suppression continue du nombre d’enseignants n’est pas le meilleur gage de réussite. Alors que les effectifs d’élèves dans l’enseignement primaire recommencent à augmenter après 10 années de baisse, le gouvernement choisit de ne pas remplacer les maîtres qui partent à la retraite. A taux de scolarisation inchangé, ce sont 25 000 enfants supplémentaires qu’il faudra accueillir en 2007 et 44 000 en 2008. Etait-ce judicieux d’annoncer dans le même temps la disparition de 11 200 postes d’enseignants pour le budget 2008 ?

L’habileté de Nicolas Sarkozy, c’est de chercher à obtenir la neutralité des enseignants en leur suggérant que l’argent gagné servira à les payer en heures supplémentaires. Le risque c’est une école où, faute de moyens suffisants, les établissements choisissent leurs élèves pour ne pas subir, où l’autonomie accordée vire à la concurrence. Le choix, ce devrait être celui amorcé par les socialistes lors des campagnes de 2007, privilégiant la personnalisation et la diversification des pédagogies pour mieux accompagner les enfants dès le plus jeune âge. C’est la seule façon de rattraper les inégalités liées à la naissance et à la géographie. « inégalités », c’est justement le mot que vous ne trouverez pas dans la lettre de Nicolas Sarkozy. Ce n’est pas un oubli. C’est une politique.