Parlons retraites…
A l’heure où s’écrivent ces lignes, le Président vient de prononcer un discours dit de refondation du contrat social. L’écart entre l’ambition affichée et la réalité de ce qui est proposé n’a jamais été aussi béant.
Plus la croissance est faible, plus le pouvoir d’achat des Français diminue et plus la fumée communicationnelle de l’Elysée est épaisse. Il faut nourrir et occuper la machine médiatique.
Limitons-nous aujourd’hui au dossier des retraites, l’illustration est parfaite. La justification du « paquet fiscal » adopté pendant l’été est impossible depuis la baisse des prévisions de croissance ? Il reste au pouvoir à désigner à la vindicte les « privilégiés » que sont les bénéficiaires de régimes spéciaux.
Fillon pousse le bouchon en annonçant qu’un décret sur la réforme des régimes spéciaux est dans son tiroir ? Sarkozy annonce une négociation. Cède-t-il à la sage pression de la gauche et des syndicats ? Que personne n’ait cette naïveté : il somme Xavier Bertrand de conduire la négociation en « deux semaines » et lui donne déjà sa conclusion : définir les « principes communs de l’harmonisation » des 128 régimes spéciaux.
Et nous socialistes ? sommes-nous les archaïques, indifférents ou aveugles aux évolutions du monde, comme la droite aime à nous caricaturer ? Ce serait si simple. Nous ne sommes hostiles à rien par principe. Que disons-nous ?
1/ Cette négociation sur l’évolution des régimes spéciaux ne soit pas être découplée de celle du régime général. C’est la conclusion unanime des partenaires sociaux qui sont parvenus à un diagnostic commun au sein du Conseil d’Orientation des Retraites (COR),
2/ La réforme globale est de toute façon une obligation car la loi Fillon de 2003 est un échec social et financier. Elle a conduit à la paupérisation d’un nombre croissant de retraités et n’a pas permis la pérennisation de notre système de retraite par répartition. Ce que vient de confirmer Nicolas Sarkozy en annonçant qu’une nouvelle négociation sur le régime général devrait être conclue à la fin du premier semestre 2008,
3/ Cette réforme globale recouvrant tous les régimes doit avoir plusieurs objectifs : le relèvement du pouvoir d’achat des petites et moyennes retraites. Le critère de pénibilité doit être introduit pour tenir compte de la disparité des situations. La possibilité de partir à la retraite à 60 ans doit être maintenue,
4/ Il n’est pas interdit de rechercher de nouvelles sources de financement. La cour des comptes dont le président, Philippe Séguin, n’est pas un gauchiste, vient opportunément de rappeler que « si les 50 premiers bénéficiaires de stock options qui ont reçu 10 millions d’euros de stock options avaient payé des cotisations, ce sont 3 milliards d’Euros qui auraient pu être récupérés par la sécurité sociale ».
C’est à l’aune du respect de ces principes que nous jugerons d’une réforme des retraites. La négociation est souhaitable. Remarquons juste que le président là encore en annonçant sans préalable un « nouvel allongement de la durée de cotisation » ouvre de curieuse manière le débat. Dans le vocabulaire de Nicolas Sarkozy, « ouverture », c’est l’autre mot pour dire « fermeture ».