Cet enfant sur les épaules du président…
Quand l’opinion accorde sa confiance à ses gouvernants ce n’est jamais à titre définitif.
A ceux auxquels elle a accordé beaucoup, elle retire beaucoup quand l’heure de la déception vient. Nous n’en sommes pas loin. Nicolas Sarkozy a suscité plus que d’autres – c’est son talent – une espérance dans le pays. Il a promis la rupture et une augmentation du pouvoir d’achat pour tous ceux qui le méritent. Rien de tout cela n’est arrivé.
Dans ce moment de doute, le comportement personnel de Nicolas Sarkozy constitue une provocation.
– le président continue de se faire payer ses vacances par des milliardaires alors qu’il vient de s’accorder une substantielle augmentation. La confusion des genres est d’autant plus intolérable.
– Le président s’affiche dans les palaces du monde entier. Personne ne lui suggère le Formule 1, mais en politique, les symboles, l’exemplarité du comportement, cela compte aussi.
Et puis il y a cette romance avec la belle Carla Bruni. Nous aurions dû rester totalement étrangers à cette histoire, mais elle est étalée par le président qui affiche sa conquête comme la Rolex à son poignet. Que nous révèle-t-elle ?
– le président utilise jusqu’à sa vie privée pour se maintenir au zénith. Cécilia, c’était – disait-il – l’amour de sa vie. Il ne se remettait pas du divorce, au point de ne pas se résigner à retirer son alliance… Et bien, un mois plus tard, il redémarre avec Carla. Au bout de deux, il officialise sa liaison à Eurodisney. Au bout de trois, il envisage le mariage. Entendons nous bien, je ne porte aucun jugement sur ce nouveau couple, en revanche, cette instrumentalisation de sa vie amoureuse est une dérive dangereuse de la vie publique. Elle fait passer le débat politique du côté des tabloïds. J’ai vu avec effroi cette image du fils de Carla Bruni, juché sur les épaules de ce président qu’il ne connaît pas encore, exposé au regard des caméras du monde, obligé de se cacher le visage.
Je ne sais pas pourquoi mais j’ai le sentiment que si cette pipolisation séduit la curiosité malsaine de chacun, elle choque aussi profondément. Comme si l’arnaque pouvait enfin se matérialiser.
Les Français ont majoritairement élu un « président du pouvoir d’achat » pour la « France qui se lève tôt ». Ils savent désormais qu’ils ont affaire à un cynique qui n’a d’yeux que pour la jet set qui se couche tard.