pas d’avenir pour les anciens.
« Peut-être que vos parents et grands parents vous gonflent (…/…) Notre travail sera de convaincre les vieux de nous faire confiance ». La phrase est de David Martinon, ex-interprète novice et maladroit des méthodes éprouvées de Nicolas Sarkozy.
Les seniors ont voté aux deux tiers pour le candidat de l’UMP en mai dernier. Aussi, si le Nekrassov de Sartre ne voulait « pas désespérer Billancourt », Nicolas Sarkozy ne doit pas désespérer les plus de 65 ans qui forment ses meilleurs bataillons électoraux. C’est pourtant ce qui se produit depuis le 6 mai dernier. Les mauvaises nouvelles s’accumulent pour les personnes âgées modestes : création de franchises médicales, hausse du prix de l’énergie et de tous les tarifs publics, fin de l’exonération de la redevance télé, création d’un 5ème risque sensé couvrir la dépendance mais dont le système sera purement assurantiel, augmentation minimale de 1,1% des retraites alors que l’inflation a été de 2,6% en 2007.
Oubliées les promesses ! L’à-valoir de 200 euros annoncé par le président à la veille des municipales est lui-même sans rapport avec les engagements de l’an passé :
• L’augmentation réelle en 2008 ne sera que de 5%. Les 20% restants seront – nouvelle promesse – étalés sur le reste de la mandature. Rien de commun avec le programme du candidat qui prévoyait 25% tout de suite, puisque ces mesures devaient être financées « grâce aux économies obtenues par la réforme des régimes spéciaux de retraite ».
• La revalorisation devait aussi toucher les « petites retraites » . Aujourd’hui les annonces se limitent aux 600 000 bénéficiaires du minimum vieillesse. Elles ne s’appliquent évidemment pas aux 13 millions de retraités, mais pas davantage aux 3,5 millions de petites retraites.
Le minimum vieillesse est financé par le fond de solidarité vieillesse, alimenté aux trois quarts par la CSG. Qui paiera donc l’addition, puisque « les caisses sont vides », ou plus exactement, ont été vidées par le gouvernement en juillet ?
Les « 200 euros » du minimum vieillesse représentent au total 120 millions d’Euros. Deux solutions sont possibles : soit cet argent provient d’une nouvelle hausse de la CSG, soit la droite renonce au «bouclier fiscal» qui a coûté cette année au budget de l’Etat très exactement 121 millions d’euros (le bouclier fiscal a bénéficié à une poignée de 2398 contribuables qui ont vu leurs impôts baisser de 50 000 euros en moyenne).
Le résultat des municipales influera de manière décisive sur les arbitrages gouvernementaux. Il n’est pas trop tard pour prévenir chacun et faire plier le pouvoir. Il se dit qu’«Un homme n’est vieux que quand les regrets ont pris chez lui la place des rêves.»