régression scolaire
Il fut un temps où la rentrée était un moment joyeux. Celui des bonnes résolutions, celui des retrouvailles, celui des nouveaux défis. Un temps où surtout les enfants regagnaient l’école avec la perspective d’y décrocher un droit à l’avenir. Certes, l’éducation nationale ne disparaît pas encore cette année, mais il est une réforme dont on n’a pas fini de parler, celle des rythmes scolaires.
L’abandon du samedi a ses défenseurs. Il y a d’abord celles et ceux qui trouveront avantage à partir en week-end dès le vendredi soir. Les parents divorcés considèreront que ce changement évitera l’amputation d’une demi-journée de leur temps de garde. Plus largement, voilà une matinée où plus aucun adulte ne sera sommé de se lever pour conduire le petit dernier sur les bancs de la communale.
Mais l’intérêt de l’enfant qui s’en préoccupe ? Depuis des décennies, les rapports se succèdent pour dénoncer les rythmes auxquels ils sont soumis. Les congés scolaires sont trop longs et les semaines de cours sont trop lourdes. Et voilà que pour camoufler de drastiques chutes des moyens (13500 postes seront supprimés dans l’éducation en 2009, après 11000 disparitions en 2008, soit 60000 postes de moins sur 6 ans), le ministre Darcos a entrepris, à rebours de tous les chercheurs, de densifier le travail hebdomadaire. Il faudra en vingt-quatre heures sur quatre jours faire ingurgiter aux élèves ce qu’ils avaient déjà peine à assimiler en vingt-six heures étalées sur cinq jours. Ce rythme est unique en Europe. Aucun autre pays n’impose une telle cadence à ses enfants. La plupart connaissent des journées moins remplies sur cinq jours.
Qui seront les enfants pénalisés ? La réponse ne fait aucun doute. Les élèves en difficulté. Comment apprendre encore plus vite quand on peine déjà au rythme actuel ? Comment compenser la difficulté par un travail accru à la maison quand le suivi familial est déjà peu ou pas assuré ? Le gouvernement a sa botte secrète : le soutien scolaire ! Mais quand pourra-t-il avoir lieu ? Avant le déjeuner ? c’est-à-dire à un moment où la concentration est la plus faible ? Après l’école ? c’est-à-dire lorsque la fatigue est la plus forte ?
C’est tout simplement l’échec scolaire que l’on programme pour des milliers de jeunes. Les inégalités de demain s’écrivent dès aujourd’hui.