La retraite à 70 ans?

La retraite à 70 ans?

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Le vote d’un amendement autorisant le recul de l’âge de la retraite à 70 ans a permis de sortir de sa relative discrétion le débat autour de la loi de financement annuelle de la sécurité sociale. Après le budget de l’Etat, c’est en effet le budget de la sécurité sociale qui est aujourd’hui soumis au vote des député.
Depuis 2002 les déficits cumulés de la sécurité sociale s’élèvent à 67 milliards d’Euros alors que sous Lionel Jospin les comptes étaient à l’équilibre, mais dans l’actuelle valse aux milliards, ces déficits abyssaux parlent-ils encore à nos concitoyens?
Comme pour le budget de l’Etat cette situation n’est pas liée à la crise financière, mais à l’impéritie des gouvernements de droite qui se sont succédés depuis 6 ans.
Mais là encore, la crise économique va accroître le mal. Ainsi la remontée du chômage entrainera une perte de recettes significatives (selon la commission des comptes de la sécurité sociale, un point de masse salariale en moins se traduit par une augmentation du déficit de 2 milliards).

Ces chiffres ne doivent pas masquer les grands enjeux sanitaires qui se profilent. Les progrès enregistrés au cours du siècle précédent sont considérables. La conséquence immédiate a été l’augmentation sensible de l’espérance de vie. Mais derrière ces heureuses avancées se cachent de nouvelles inégalités : Entre l’ouvrier qui vit au milieu d’un désert médical et le cadre qui réside au centre d’une grande agglomération, l’écart se creuse. Deux France se dessinent, inégales, qu’il s’agisse d’accès aux soins, de mortalité, de conditions dans lesquelles se déroulent les dernières années de l’existence, de perméabilité aux nouvelles pathologies, de pénibilité notamment au travail…

Le gouvernement loin des grands discours sur le nécessaire retour de la puissance publique ne prend pas la mesure de la difficulté. A la situation de quasi faillite de notre système de protection sociale, la droite n’oppose aucun plan de sauvetage. Elle se contente de quelques rustines et de quelques opportuns transferts financiers qui permettent de cacher partiellement la misère : plutôt que de soigner la maladie, la droite donne le sentiment de vouloir laisser mourir le malade…

Lorsque la droite cherche des solutions, elle pointe toujours du côté des cotisants et des patients.
Le ballon d’essai envoyé par le directeur de l’Union Nationale des Caisses d’Assurance Maladie  au début de l’été était illustratif d’un certain état d’esprit. Il était proposé – rien de moins – un plan massif de déremboursement des médicaments et des soins pour les maladies de longue durée. Devant l’ampleur de la réaction, le gouvernement a rangé le projet dans ses tiroirs, mais il est revenu avec une taxe sur les mutuelles qui sera répercutée sur les cotisants. Voilà une « franchise bis » qui ne dit pas son nom.
Pour l’hôpital, la recherche de l’équilibre financier conduit le chef de l’Etat à proposer au personnel médical et paramédical une « politique d’intéressement » modulée en fonction de la « productivité des centres »  qu’il argumente ainsi : « je ne vois pas pourquoi une politique d’intéressement, à laquelle je crois tant dans le secteur privé, ne s’appliquerait pas dans le secteur hospitalier »… bienvenue dans le monde meilleur de Nicolas Sarkozy !
Pour les retraites, l’amendement voté dans la nuit de vendredi dernier sur le départ à la retraite à 70 ans donne le ton. C’est une 1ère étape. Un matin nous nous réveillerons en apprenant que la retraite à taux plein nécessite justement de finir à 70 ans. Le gouvernement présente cet amendement comme une possibilité offerte au choix de chacun. Mais quel est le degré de liberté quand les montants des retraites sont trop faibles ? La liberté cache en fait une obligation de travailler. Enfin, est-il sage d’encourager le maintien en activité des seniors avec un chômage que l’on sait en croissance forte ? que dira-t-on aux jeunes et plus généralement aux chômeurs ?

Il arrive fréquemment que les mots de Nicolas Sarkozy changent. Pas sa politique.