L’opposition municipale à contre-temps

L’opposition municipale à contre-temps

conseil-municipal-260109

Lundi soir. Affluence record sur les bancs du public pour assister au conseil municipal. Assistance record, c’est-à-dire 23 personnes. Pas encore vraiment une émeute. Mais un progrès. Toujours triste de voir des chaises vides.

La première partie de la soirée a été consacrée au débat d’orientation budgétaire qui précède le débat sur le budget lui-même (en mars).

Ce budget 2009 s’exécutera dans un contexte économique et social qui est celui d’une crise sans précédent. La croissance sera négative, ce qui pour appeler un chat par son nom, signifie que nous serons en récession.

Les ressources de notre commune seront affectées très directement. Pourquoi? parce que nos recettes fiscales sont très largement dépendantes du marché immobilier. Les rentrées sont d’autant plus fortes que les mouvement d’achats-ventes ou les constructions sont nombreux et que les prix des transactions sont élevés. Lorsque le marché se retourne…

Nous aurons donc moins d’argent qui rentre, mais parallèlement, nous aurons plus de difficultés aussi. Pour de nombreux campésiens, la ville constituera le dernier filet de sécurité. Pas vraiment le moment d’augmenter les tarifs publics ou de diminuer les aides par exemple pour les enfants de familles modestes.

J’ai donc regretté hier soir que ce soit dans cette période singulière que l’opposition municipale conduite par M. Dubois alimente une polémique déplacée.

Une polémique aussi injuste que politicienne.

Injuste parce que la droite campésienne explique que nous allons « tout droit vers l’augmentation de nos taxes locales » pour « palier la baisse de la dotation de solidarité en région Ile de France ». La vérité, c’est que cette baisse est liée à la réforme de la taxe professionnelle mise en place par le Gouvernement. La vérité c’est encore la baisse du concours de l’Etat aux collectivités locales. Ainsi la fameuse DGF (Dotation Globale de Fonctionnement) n’est plus indexée que sur l’inflation prévisionnelle. Qu’est-ce que cela veut dire? que la subvention n’est pas revalorisée chaque année de l’inflation réellement constatée, mais du taux d’inflation calculé en loi de Finances initiale (à l’Assemblée nationale). Ainsi toutes les collectivités vont devoir remettre en cause des dépenses indispensables à la solidarité, pour faire face à la diminution drastique des différentes dotations et transferts de charge sans transfert des moyens financiers correspondants.

Politicienne, parce que la lecture du tract de VMC (pas la clim, mais Vivre Mieux à Champs), nous invite à des lendemains qui chantent : « nous lutterons pour la baisse des taux d’imposition tout en préservant un haut niveau d’investissement« . Faire plus avec moins, qui pourrait être contre?

On apprend que tout cela se réalisera avec une « baisse de 5% des frais de fonctionnement des services« . Sans dire quels seraient les services justement touchés ni quels postes seraient effectivement supprimés. Surtout ne faire de peine à personne. Sans rappeler qu’un « haut niveau d’investissement » suppose des frais de fonctionnement pour justement les faire tourner… Par exemple payer de nouveaux éclairages publics sans programmer les heures de travail pour entretenir le parc n’est pas très professionnel… Une municipalité qui engagerait des dépenses pour de nouveaux équipements publics sans anticiper leur coût d’entretien creuserait vite et durablement les déficits publics.

Au total, en écoutant et en lisant l’opposition municipale, je me disais qu’elle était surtout à contre-temps.

M. Dubois défend une politique qui n’est même plus portée par Nicolas Sarkozy depuis septembre dernier. A Champs, la droite n’a pas vu le temps passer. Elle a encore le nez dans les étoiles de la campagne présidentielle. Elle défend une baisse de la fiscalité que plus personne ne prône, compte tenu des difficultés qui sont devant nous. Elle suggère la suppression régulière de postes d’agents communaux, tandis que le Gouvernement en est lui-même venu à réhabiliter les emplois aidés (1).

Cette politique est totalement à contre-sens de ce qu’il faut faire en temps de crise. Il faut au contraire soutenir l’investissement des collectivités locales qui réalisent dans notre pays les trois quart de l’investissement public. Dans notre commune qui compte 700 entreprises, beaucoup dépendent ou attendent de la commande publique. Ainsi l’entreprise TIXIT qui fabrique à Champs des rayonages mobiles est en redressement judiciaire parce qu’elle n’arrive pas à faire face à des problèmes de trésorerie, alors même que son savoir-faire est reconnu. Il faut saluer la décision de la mairie qui a anticipé ses besoins futurs en passant commande à cette société de 15 000€ de travaux (alors qu’ils auraient pu s’étaler sur plusieurs années).

Espérons que les prochaines semaines porteront conseil à M. Dubois et ses colistiers. Après tout, le vote du budget n’interviendra qu’en mars.

___________

(1) Notez ce paradoxe qui n’est qu’apparent. Nicolas Sarkozy appelle à la signature de contrats précaires. Dans le même temps il supprime à tours de bras les postes d’enseignants ou d’hospitaliers.