Chronique de campagne européennes 3
Etrange campagne.
Elle a d’abord mis un temps fou à démarrer. Et puis les premiers arguments dégainés, voilà que nous en sommes déjà à commenter les résultats! Les journaux fleurissent de commentaires sur leurs effets supposés sur les carrières des uns et des autres. L’UMP aurait gagné. Le PS ne se se relèverait pas de ses divisions et Martine Aubry serait menacée par un destin à la Rocard. Bayrou aurait réussi son pari et cavalerait flamberge au vent jusquà la prochaine présidentielle. J’exagère à peine.
Ce scénario c’est celui que vendent les spin doctors de l’Elysée. Ils sont tellement pressés d’enjamber le scrutin européen, qu’ils répandent les rumeurs sur le prochain remaniement. L’effet médiatique recherché est double :
- Accréditer l’idée que prochain évènement important de la vie politique c’est le jeu de chaises ministérielles qu’organise Nicolas Sarkozy, pas le vote du 7 juin.
- Distiller le nom de Claude Allègre pour démobiliser au passage les électeurs socialistes, écoeurés de voir les vieilles gloires se vendre pour pas cher.
Aucun média ou presque ne rappelle que la droite est historiquement faible. Que l’UMP, seul parti à soutenir son action est en dessous de 30%…
Etrange campagne aussi parce qu’en quinze jours, les médias compriment le travail qu’ils répugnent à faire, au quotidien. Qui rend compte du travail parlementaire à Strasbourg ou à Bruxelles? La plupart des journaux n’ont même pas de correspondant permanent pour suivre l’actualité européenne !
Coment s’étonner dès lors qu’aux tracts que nous distribuons, les passants nous répondent trop souvent par un sourire poli : « c’est courageux de faire ce que vous faites, mais franchement cela nous indiffère« . En quelques secondes, il faudrait tout à la fois rappeler le fonctionnement de nos institutions européennes, faire le récit de cinq ans de mandat, et énoncer les principales propositions clivantes…
Alors, en courant derrière les unes et les autres, à la sortie d’un RER, sur le parking d’un supermarché, la devanture d’une boulangerie, nous essayons de vous dire que si le 7 juin l’alternance joue, la gauche mettra en place un bouclier social pour les salariés, les chômeurs, les retraités. Il comprendra notamment :
– Un salaire minimum dans chaque pays européen pour stopper les délocalisations
– Une directive pour empêcher les licenciements boursiers ;
– Une « clause de progrès social » pour qu’aucune directive ne puisse affaiblir nos droits sociaux ;
– Une directive cadre pour protéger les services publics.
Et cela ne vaudrait pas la peine de se mobiliser?