Réveille-toi Fadela !
Honnêtement il y a une semaine vous m’auriez demandé si je connaissais « Orelsan » , j’aurais tenté ma chance avec une marque d’aspirine. Depuis, tout a changé dans ma vie tant il est devenu difficile d’échapper à ce rappeur dont la notoriété dépasse désormais les Francofolies de la Rochelle.
Qu’en penser? Spontanément je suis du côté de ceux qui défendent la liberté d’expression. Question de principe. Quitte à me retrouver – une fois n’est pas coutume – sur la même position que Frédéric Lefebvre, sniper sans finesse de l’UMP. Surtout je me dis que je suis en confiance. Fadela Amara est sortie de son mutisme pour exprimer sa tolérance à l’égard du chanteur. Je me dis donc que Ségolène en a peut-être un peu trop fait. Ce qui peut lui arriver.
Franchement il faut être vraiment réac pour ne pas apprécier la poésie et la modernité d’un « sale pute » lancé à la tête d’une femme adultère. Frédéric Mitterrand a trouvé la juste comparaison en convoquant la mémoire d’Arthur Rimbaud pour sauver l’oeuvre en péril d’Orelsan… Sentimental comme je suis, je vois déjà les fantômes d’Oscar Wilde, Charles Baudelaire, Serge Gainsbourg… tirés de leur sommeil éternel, se masser pour faire rempart de leurs esprits et protéger cette nouvelle victime de la morale étriquée de la bourgeoisie bien-pensante. Si je puis dire, la messe est dite : il est dans la nature même des provocateurs de choquer.
Je ne sais pas quel tourment intérieur me pousse pourtant à vérifier cette première intuition, toujours est-il que je me mets à rechercher sur le Net, les vers de ce poète maudit.
Je dois dire que je n’ai pas été déçu du voyage. Je vous livre tout à trac ces rimes riches qui expriment le « dépit amoureux » comme le dit joliment notre ministre de la Culture :
J’te déteste j veux que tu crèves lentement j veux qu’tu tombes enceinte et qu’tu perdes l’enfant
(…/…)
On verra comment tu fais la belle avec une jambe cassée
On verra comment tu suces quand j’te boiterai la mâchoire
T’es juste une truie tu mérites ta place a l’abattoir
T es juste un démon déguisé en femme j veut te voir brisée en larmes
J veut t’voir rendre l âme j’veux te voir retourner brûler dans les flammes
Avec un taliban pareil, la lapidation c’est cadeau ! On comprend que le ministre de la Culture ait pu juger que Orelsan a « le droit tout à fait légitime de composer sa chanson et de la chanter où il veut« .
Mais bon… je lis comme vous que cette chanson, il ne la chante plus qu’à sa compagne. Pas de quoi s’alarmer…
Je ne sais pas ce qui me prends encore, mais par acquis de conscience, je me remets à consulter au hasard les titres de son répertoire. Je commence donc par « Saint Valentin« . Je m’attends à un titre tendre tendance gnan gnan. Je vous laisse juge de la guimauve :
« Et le lendemain matin, elles en redemandent, se mettent à trépigner
Mais ferme ta gueule ou tu vas t’faire marie-trintignier
J’te l’dis gentiment, j’suis pas là pour faire de sentiments
J’suis là pour te mettre 21 centimètres
Tu seras ma petite chienne et je serai ton gentil maître »
« J’respecte les shneks avec un QI en déficit
Celles qui encaissent jusqu’à finir handicapées physiques
Le courant passe avec un doigt dans ta prise électrique
Moi d’abord je lèche et j’te tèje, et puis tu pars au tri sélectif »
Ce n’est pas une chanson isolée, mais toute l’ « oeuvre » d’Orelsan qui est vomitive. Le message véhiculé par ses chansons est sans ambiguïté. Celui d’une soumission totale des femmes aux hommes. c’est la version pornographique de la Burqa.
Dommage que la volonté de polémiquer avec Ségolène Royal ait fait perdre tout discernement aux ministres qui se sont exprimés. Si Fadela avait pris le temps de lire les paroles de « No Life » elle aurait apprécié à sa juste valeur cet « idéal féminin moitié pute, moitié soumise« …