Et si la gauche redémarrait? (suite)
Les premières réactions sur Facebook à mon précédent post étaient univoques : il fallait avoir beaucoup fumé ou avoir beaucoup d’imagination pour observer un redémarrage à gauche! Je reprends donc : je ne décris pas une gauche qui n’existe pas. Celle que je vois est effectivement malade. Je préfère penser, convalescente. Mais je maintiens que l’UMP a de son côté de sérieux soucis à se faire sur le plan électoral . Je maintiens aussi que lorsque les socialistes ne sont pas artificiellement divisés, ils demeurent la force de l’alternance. J’observe enfin que lorsque les socialistes ne sont pas à la hauteur, l’électorat de l’opposition ne s’évapore pas et se fédère par exemple sur les candidats écologistes comme dans les Yvelines. Si ce que j’écris là n’avait aucune réalité, Nicolas Sarkozy ne prendrait pas autant de risques politiques pour accumuler les tripatouillages électoraux.
Mais ce billet vient de plus loin. Il est l’expression de ma mauvaise humeur. Je suis fatigué de la lecture récurrente des éditorialistes qui n’en finissent plus de décrire l’agonie des socialistes. Je suis tout aussi las des socialistes qui n’aiment rien tant que se flageller en public, en général sur le dos d’un-e voisin-e. La rénovation ce n’est pas l’auto-dénigrement permanent.
La gauche va sans doute « très mal« , mais lorsque ce week-end, deux millions de personnes signifient par un vote symbolique leur attachement au statut de la Poste, il est permis d’espérer. Les sondages montrent que c’est à une majorité très confortable que nos concitoyens refusent toute privatisation du plus ancien de nos services publics. La gauche va sans doute très mal, mais ses valeurs sont donc loin d’être minoritaires dans le pays.
La gauche va sans doute « très mal » sur tout le continent. La crise de la social-démocratie est sans doute européenne, mais ce week-end ce sont les socialistes grecs de Papandréou qui ont remporté les élections législatives. C’est vrai la semaine précédente les allemands du SPD ont perdu. Mais ils sortaient d’ue coalition avec la droite qui a brouillé leur identité et interrogé sur leur utilité. C’est exact que Les travaillistes anglais devraient selon toute vraisemblance subir une cuisante défaite prochainement. Mais qui ne voit l’usure d’un « New Labour » au pouvoir depuis douze ans?
Pourquoi je m’agace? Parce que le commentaire « Canal habituel » c’est « la gauche est sans idées, sans projet« . Les valeurs, le système libéral ont beau mener le monde au quasi chaos, ce sont les idées des sociaux démocrates qui sont dépassées !
Pourquoi je m’exaspère? Parce que la victoire des socialistes du Pasok ne sera décrite demain que comme une victoire locale, alors que celle du SPD la semaine dernière était présentée comme une défaite européenne.
Pourquoi je m’inquiète? Parce que je ne voudrais pas que Nicolas Sarkozy soit le seul à prendre un vent qui souffle à nouveau de la gauche. Pas parce que c’est lui. Mais parce que nous n’allons pas vers le même port.