La femme d’honneur et le cynique
Ce n’est pas possible. Je n’y crois pas. Non, il n’a pas pu récidiver… Pincez-moi, réveillez-moi ! Dîtes-moi qu’il n’a pas pu recommencer ça.
Après avoir tenté d’instrumentaliser le thème de l’identité nationale, voilà que le président ressort celui de l’insécurité pour arracher des réflexes pavloviens aux électeurs de droite. Et voilà qu’à Dammarie-les-lys, flanqué de Chantal Brunel, Nicolas Sarkozy nous promet une nouvelle nouvelle nouvelle loi…
Cette annonce appelle trois remarques rapides de ma part :
- Le chef de l’Etat a une image très méprisante des électeurs de droite : légèrement racistes et sécuritaires jusqu’à l’obsession…
- A force de créer une peine automatique après chaque fait divers, la justice pourra bientôt se passer de juges. Il suffira d’un distributeur.
- Les services de l’Elysée sont mieux renseignés que ceux de Matignon. Au moins Sarkozy ne confond pas comme Fillon les policiers morts et vivants.
Ce dérapage du Premier Ministre hier soir illustre le cynisme avec lequel les dirigeants du pays se sont emparés de l’émotion publique pour chercher un petit et indécent profit électoral.
Si j’étais électeur de droite, je n’aurais décidément pas trouvé de bonnes raisons de soutenir mon camp dimanche prochain.
Mais je ne voudrais pas terminer ce billet aujourd’hui sans vous dire qu’à l’inverse, l’électeur de gauche que je suis, aurait volontiers voté pour l’accession d’une femme de droite sous la prestigieuse coupole de l’Académie française.
Simone Veil, rescapée des camps d’extermination, vient d’accéder au rang d' »immortelle« . Douce revanche. Rentrée d’Auschwitz-Birkenau où elle a perdu sa mère, chacun aurait compris qu’elle bascule dans le cynisme après avoir perdu toute illusion sur la nature humaine. Elle aurait pu se réfugier dans la haine, elle a choisi au contraire le pardon et la réconciliation. Elle a consacré sa vie publique à la défense de la construction européenne et du couple franco-allemand.
Ce 18 novembre, elle était l’honneur de la droite.