Retraites : Projet contre projet, à vous de juger !

Retraites : Projet contre projet, à vous de juger !

foule

Cette fois le débat sur les retraites est lancé. Après la présentation des propositions socialistes par Martine Aubry, Jean-François Copé a vendu la mèche sur les intentions de la droite en annonçant que le gouvernement partage avec les députés UMP et NC la volonté de relever  l’âge légal de départ en retraite ainsi que d’augmenter la durée de cotisation. Alors que François Fillon continue de manier l’ambiguïté, le président du groupe UMP a le mérite d’être clair.

Ce sera donc un débat opposant deux conceptions antagonistes. Coté gauche les revenus du capital sont appelés à co-financer à parité l’effort pour maintenir le système actuel, côté droit les principales variables d’ajustement sont les salariés.

Jusqu’ici la droite avait parié sur deux points :

  • l’incapacité des socialistes à faire synthèse sur un projet commun.
  • La résignation des Français après la publication des scenarii du Conseil d’Orientation des Retraites.

Mercredi après-midi le débat à l’Assemblée François Fillon a senti la menace et a immédiatement cherché à décrédibiliser les chiffrages du projet socialiste pour éviter la consolidation dans l’opinion d’un projet alternatif.

La violence de ses propos était proportionnelle à sa crainte. Et le Premier ministre a multiplié les erreurs et/ou les contre vérités dont je ne souhaite relever ici que les plus grossières

Le chef du gouvernement remet en cause le chiffrage du produit de la taxation des stock-options (2 Mds euros). Il s’agit pourtant d’un chiffrage plus prudent que celui fait par la Cour des comptes en 2007 dans son rapport sur l’application des lois de financement de la sécurité sociale de septembre 2007 qui chiffrait l’assiette en 2005 à plus de 8 Mds euros et le produit à 3,2 Mds euros…

Le gouvernement prétend que le PS taxerait les classes moyennes au travers des livrets d’épargne (PEL, Assurance-vie etc…). Or le texte du PS exclut précisément la taxation au titre de la CSG des revenus des les livrets d’épargne actuellement exonérés. Quant aux revenus de l’assurance vie qui restaient exonérés de CSG, c’est le gouvernement qui les a soumis à la CSG dans le cadre de l’article 18 de la LFSS 2010.

Enfin le Premier Ministre remet en cause le produit d’une majoration de 15 points du taux d’impôt sur les sociétés acquitté par les Banques (3 Mds euros) qui doit servir à alimenter le fonds de réserve des retraites. Il estime lui le produit à 300 millions d’euros.
Qu’on en juge : la seule BNP a présenté un bénéfice de 5,8 Mds euros en 2009. Une surtaxe de 15% sur cette seule banque rapporterait cette année 870 millions d’euros. Les banques représentent un tiers du produit total de l’impôt sur les sociétés en moyenne. Ce produit était de 60 Mds euros en 2007. Une hausse de 15 points sur la part payée par les banques (20 Mds euros) représenterait bien 3 Mds euros.

En matière de recettes recettes « virtuelles », c’est l’hôpital qui se moque de la charité… En effet le programme du PS est beaucoup plus détaillé que celui du gouvernement qui s’est limité pour la partie « féforme juste » à l’évocation d’une « taxe sur les hauts revenus», dont on ne sait pas si elle concernera ou non les entreprises, si elle frappera ou non les revenus et/ou le patrimoine  et dont on devine qu’elle servira d’alibi à une politique qui une fois encore fera payer le plus grand nombre pour protéger la situation d’une minorité. De ce point de vue, depuis les élections régionales rien n’a changé…