Sarkozy, chevalier sans surmoi et sans projet
Nicolas Sarkozy est entré en campagne. Dans son style habituel. Celui d’un acteur qui assure le spectacle quotidien. Toutes les 24 heures, il livre son lot d’images et de petites phrases à l’ogre médiatique.
Rien n’a changé depuis cinq ans, C’est le même manège qui est remis en mouvement. Avec les mêmes forains à la manoeuvre. Le tourbillon est organisé avec trois objectifs, le premier donner le sentiment de l’action, le second organiser le débat autour de lui, le troisième éviter le temps de l’évaluation en passant sans cesse d’un thème à un autre.
Pourtant son entrée en campagne n’a pas provoqué les effets escomptés. Sa progression est le résultat mécanique du retrait des Morin, Boutin, Nihous, pas le signe d’une dynamique.
Ses engagements, chacun en connaît désormais la valeur. Le voilà qui se met à promettre tout ce qu’il n’a pas tenu. Sans aucune gêne ni honte. Nicolas Sarkozy n’a pas de surmoi… Voilà que le président de l’austérité se déguise à nouveau en candidat du pouvoir d’achat. Le président des riches s’auto-proclame candidat du peuple. L’omni-président se fait chantre de la démocratie directe et de la proportionnelle. Le président bling-bling redécouvre les vertus du train, des visites d’usines et des déjeuners à la cantine…
Ses propositions sont improvisées. L’objet exact de ses référendums varie au gré des résistances qu’il rencontre. Il se renie sur le droit de vote des étrangers (auquel il se prétendait personnellement favorable), le mariage gay (il prétendait que l’on ne reprendrait pas deux fois la droite en flagrant délit de conservatisme), Qu’importe. Dans la civilisation du buzz, la seule unité de mesure est le bruit médiatique.
Nicolas Sarkozy sait qu’il a perdu la bataille de la popularité, alors il multiplie les provocations afin de ramener François Hollande à sa hauteur. Il tente d’entraîner son principal concurrent dans un corps à corps où les outrances verbales remplacent le glaive et le trident. Dans l’arène, il espère que l’esthétique du combat l’emportera sur le reste. Dans l’arène – rêve-t-il – il n’y a ni trahisons, ni bilan à assumer, il y a juste deux gladiateurs sans passé.
C’est pour ces raisons que François Hollande doit conserver de la hauteur. Refuser le « mano a mano ». Rappeler le bilan catastrophique du président sortant. Engager le débat, projet contre projet.
C’est pour ces raisons que les citoyens doivent exiger que le président-candidat livre son projet, et ses chiffrages pour que s’organise enfin un débat digne d’une présidentielle.
Cette fois les Français ne veulent pas d’un spectacle. Ils sont las du jeu politique.
Ils veulent comprendre, comparer et choisir. Les vrais candidats du peuple sont ceux qui lui permettent d’être souverain, pas ceux qui le manipulent en l’amusant et en lui cachant leurs véritables desseins.