Interview dans Le Point
Olivier Faure était interviewé par Le Point le 13 octobre à propos de l’amendement Ayrault-Muet sur la fusion de l’impôt sur le revenu et de la CSG.
Le député PS de Seine-et-Marne Olivier Faure, très proche de l’ancien Premier ministre, explique au Point.fr la démarche de Jean-Marc Ayrault, qui veut pousser Francois Hollande à respecter ses engagements en matière de fiscalité.
PROPOS RECUEILLIS PAR CHARLOTTE CHAFFANJON
Le Point.fr : L’amendement Ayrault-Muet est lu comme une défiance envers le gouvernement, qui n’a manifestement aucune envie de s’atteler à cette réforme de l’impôt. Qu’en est-il vraiment ?
Olivier Faure : Jean-Marc Ayrault et Pierre-Alain Muet veulent simplement rendre irréversible la fusion entre l’impôt sur le revenu et la CSG par deux amendements. Le premier est déjà inscrit dans le projet de loi de finances 2016. Il prévoit le prélèvement de l’impôt à la source. L’autre doit rendre progressive la CSG. Le mécanisme : la prime d’activité serait ainsi perçue sous la forme d’une baisse de la CSG et non plus sur la base d’un chèque attribué aux potentiels bénéficiaires qui en font la demande. Il s’agirait là d’un premier pas décisif dans la réalisation d’un engagement de campagne soutenu par l’ensemble de la gauche depuis vingt ans.
En décorant Michel Rocard, François Hollande a considéré que la CSG était « l’instrument robuste qui manquait à l’assurance maladie ». C’est une fin de non-recevoir ?
La CSG est un outil qui a fait ses preuves, mais il faut la rendre plus juste. C’est très bien de rendre hommage à Michel Rocard, mais cela ne veut pas dire qu’il ne faut plus toucher à la CSG pendant les trente prochaines générations. On ne va pas brûler des cierges ad vitam eternam pour Napoléon parce qu’il a créé le code civil en 1804. La politique, c’est l’adaptation permanente.
Jean-Marc Ayrault rassemble bon nombre des mécontents du gouvernement sur cet engagement. Il prend sa revanche ?
Pas du tout. Personne ne peut penser cela de Jean-Marc Ayrault, ce n’est ni sa culture ni sa façon de fonctionner.
Il a dit lui-même être intéressé par la succession de Claude Bartolone à la présidence de l’Assemblée nationale si celui-ci gagnait la région. Il est en campagne ?
Non, pas du tout ! Cette idée n’a ni queue ni tête. C’est classique, d’analyser les combats politiques en les fondant sur la volonté de revanche ou la conquête du pouvoir. Mais ce n’est pas le cas. Jean-Marc Ayrault ne conditionne pas ses prises de position sur la fiscalité à ses ambitions personnelles. S’agissant du perchoir, cela supposerait que la gauche ait gagné les régionales en Ile-de-France. On n’y est pas encore. Pour le moment, nous nous battons pour la victoire de Claude Bartolone.
Le PS s’apprête à organiser un référendum pour le rassemblement de la gauche aux régionales. On en est bien loin, et ce n’est pas le débat sur la fiscalité qui va participer à l’apaisement au sein de la gauche. Y a-t-il encore une chance pour la gauche de se rassembler d’ici 2017 ?
Il ne faut pas tout mélanger. Les deux enjeux ne sont pas liés, la fiscalité est un sujet national, le référendum porte sur les élections régionales. En revanche, si la gauche ne se rassemble pas d’ici 2017, elle n’aura que ses yeux pour pleurer, et au second tour, un choix simple entre l’abstention et le vote pour Marine Le Pen ou la droite. Le rassemblement n’est pas une option, mais un impératif.