NON aux néonicotinoïdes !
Je suis fermement opposé au projet de loi autorisant de nouveau les néonicotinoïdes tueurs d’abeilles qui sera examiné le 5 octobre en séance publique. La loi de 2016 ne doit pas être remise en cause. C’est ce que je suis allé dire aux associations qui se sont mobilisés devant l’Assemblée nationale le 23 septembre. J’ai aussi signé cette tribune de la gauche et des écologistes parue dans le Monde.
Voici les points essentiels que les Socialistes défendent sur le sujet :
1° Maintenir l’interdiction de tous les néonicotinoïdes sur le territoire national
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La réautorisation des néonicotinoïdes remettrait en cause une avancée écologique importante actée sous le précédent quinquennat.
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Elle freinerait d’un coup sec le développement et le déploiement des solutions alternatives.
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Elle ouvrirait la « boîte de Pandore » : en l’état, le texte ouvre la voie à d’autres types de dérogations
2° Mettre en œuvre une stratégie de soutien pour la filière betterave
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En faisant le choix de la facilité, en réautorisant les néonicotinoïdes, le Gouvernement écarte la question fondamentale du soutien à la filière face à la libéralisation du marché mondial du sucre. Les quotas sucriers de l’UE assuraient aux betteraviers français et européens un prix minimum pour l’écoulement de leur production. La suppression de ces quotas en octobre 2017 a conduit à une chute du prix du sucre, à un effondrement des revenus des betteraviers et à une incitation à toujours produire plus face au dumping de pays comme le Brésil. Le vrai enjeu est donc d’ordre économique.
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En prescrivant un simple pansement, le Gouvernement choisit de ne pas guérir le malade. Or, la seule véritable cure de guérison serait la mise en place d’une nouvelle stratégie économique pour la filière.
3° Harmoniser les règles au niveau européen
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En réautorisant les néonicotinoïdes, la France perdrait son statut de leader mondial dans la lutte contre les néonicotinoïdes.
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Le Gouvernement, pour se justifier, répète sans cesse que d’autres pays européens utilisent ce type de dérogations. Mais faut-il suivre leur (mauvais) exemple au risque de décrédibiliser la parole de la France alors que l’UE se prépare à mettre en œuvre le Pacte vert européen, qui a pour objectif la diminution de moitié des pesticides et la défense de la biodiversité ?
4° Réaffirmer notre souveraineté
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La véritable souveraineté serait celle qui ne s’oppose pas à l’environnement. Car, c’est bien parce que nous avons trop délégué notre souveraineté alimentaire aux marchés et aux multinationales que nos producteurs sont en difficulté.
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La véritable souveraineté serait celle qui impose une réorganisation des marchés pour un juste partage de la valeur, garant de la bonne évolution des pratiques agricoles.
5° Relancer le Plan Ecophyto
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Le Gouvernement a fait du Plan Ecophyto une coquille vide. Le Plan n’est plus piloté au niveau national, les financements n’existent quasiment plus et il semblerait que l’exécutif cherche à le tuer à petit feu en s’éparpillant et s’assurant qu’il n’y ait aucune cohérence d’ensemble. La preuve : le Gouvernement préfère créer un nouveau « conseil de surveillance » chargé spécialement de la question des néonicotinoïdes, plutôt que de renforcer les pouvoirs de contrôle et de suivi du Plan Ecophyto.
6° Ecouter la science
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Près de 1 200 études scientifiques existent sur les néonicotinoïdes : leurs effets néfastes sur l’environnement et la santé sont bien connus. La rapporteure pour avis, lors de l’examen pour avis du PJL « néonicotinoïdes » en commission développement durable, a même reconnu explicitement que la betterave n’était pas un cas exceptionnel : même sans fleurs, la plante de la betterave, si elle est traitée avec des néonicotinoïdes, tuera des pollinisateurs et contaminera les sols.