Hommage à Samuel Paty
Soudain la voix du chanteur Bono s’élève au milieu du silence.
Les gardes républicains portent le cercueil de Samuel Paty à travers la foule. Cet homme qui avait aimé rire, chanter, danser est devenu ce « héros tranquille » pour reprendre les mots de Robert Badinter. Lui qui avait consacré sa vie à transmettre, à aider des générations d’élèves à prendre en main leur destinée, à devenir des femmes et des hommes libres, traverse la cour d’honneur de La Sorbonne, la plus belle de nos universités, et véritable temple de la connaissance.
Sur l’estrade, ses collègues enseignants lui rendent hommage en lisant la magnifique lettre de Jaurès aux instituteurs leur rappelant leur mission émancipatrice, puis celle d’Albert Camus à son instituteur à qui il écrivait sa gratitude et sa reconnaissance après avoir reçu le prix Nobel de littérature.
L’aide de camp de l’Elysée dépose au pupitre le discours du chef de l’Etat qui s’avance lentement. Le président exprime avec gravité ce que tous nous ressentons. La cérémonie est sobre comme l’aurait sans doute souhaité Samuel Paty.
Sur les murs s’affichent notre devise « liberté, égalité, fraternité » et le profil de Marianne. Mais ce soir, comme depuis l’annonce de son meurtre, la République a le visage d’un homme, celui de Samuel Paty.
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