Présidentielle : Olivier Faure croit encore à l’union de la gauche « derrière le PS »
Entretien à retrouver sur le site ouest-france.fr
La motion portée par le premier secrétaire du Parti socialiste a obtenu une large majorité (72,07 % des suffrages exprimés) la semaine dernière. Un nouveau vote est programmé ce jeudi 16 septembre pour reconduire Olivier Faure dans ses fonctions, avant la tenue du 79e congrès du PS ces samedi 18 et dimanche 19 septembre à Villeurbanne. Les militants auront à y discuter du nouveau projet du parti et de la façon dont ils pourront valider le choix du candidat ou de la candidate socialiste à l’élection présidentielle de 2022. La maire de Paris, Anne Hidalgo, a confirmé son intention de se présenter, dimanche dernier, à Rouen. Elle a le soutien d’Olivier Faure, qui assure que son parti est en train de changer de visage. Et qu’il peut gagner l’an prochain.
Le vote des motions la semaine dernière, la candidature d’Anne Hidalgo dimanche, l’élection du premier secrétaire ce jeudi… Le PS est en ordre de marche pour la présidentielle ?
L’objectif fixé l’an dernier était d’être prêts à la fin de l’automne. Nous le serons.
La motion que vous portez a recueilli une très large majorité. Votre reconduction au poste de premier secrétaire est une formalité ?
Un vote n’est jamais une formalité. Mais quelle logique y aurait-il à élire quelqu’un qui est en contradiction avec l’orientation déjà approuvée par les militants ? Il faut maintenant se rassembler pour entrer dans le vrai débat, celui que nous aurons devant les Français pour la présidentielle.
Quel sera l’enjeu principal de votre congrès, ce week-end à Villeurbanne ?
Le vote de notre projet, fruit de dix-huit mois de travail.
Un projet appelé à devenir le programme de la candidate du PS à la présidentielle ?
Le projet des socialistes ne se limite pas à une élection, c’est une vision à long terme. Il constitue un socle pour écrire le programme de notre candidate ou candidat. Il porte l’idée d’une République sociale, écologique, démocratique et féministe. La République laïque c’est le cadre non négociable. La sociale-écologie, c’est la volonté de ne plus séparer deux enjeux vitaux. La question sociale sans la question écologique, c’est le réchauffement climatique. La question climatique sans la question sociale, ce sont les Gilets jaunes. La question démocratique est centrale parce que les Français n’en peuvent plus du libéralisme autoritaire qui leur est imposé depuis quatre ans. Et s’agissant de l’égalité femmes-hommes, elle m’apparaît comme une évidence. Le XXIe siècle doit être celui où, enfin, les femmes conquièrent leur pleine égalité, notamment sur le plan salarial.
Sur la candidature d’Anne Hidalgo elle-même, vous aviez annoncé un vote des militants pour valider ce choix. Il aura lieu après le congrès ?
Oui. Ce sont les militants qui ont permis notre renaissance aux côtés des élus locaux. Ils seront seuls souverains. Pour ma part, j’ai dit mon choix parce que je n’imagine pas un premier secrétaire qui n’aurait ni idée sur le projet ni idée de la personnalité pour l’incarner. Je soutiens la candidature d’Anne Hidalgo, je ferai campagne pour elle et pour l’équipe que nous formons autour de sa candidature.
Son équipe ?
La présidentielle n’est pas l’affaire d’un homme ou d’une femme seule, c’est aussi l’affaire d’une équipe. Quand je vois le rassemblement qu’Anne Hidalgo organise autour d’elle, avec son équipe de France des maires, des présidents de Départements et de Régions, des parlementaires, je me dis qu’il y a là une force de conviction et, demain, une capacité à gouverner incomparable avec les autres forces à gauche. Anne Hidalgo s’appuie sur des femmes et des hommes rivés au terrain qui ont comme caractéristiques communes, la proximité avec les Français et la gestion d’une collectivité. C’est capital après un quinquennat marqué par un Président qui s’est présenté comme le dieu des dieux, Jupiter, entouré de techniciens ignorants des réalités.
Ce qui n’est pas le cas du Parti socialiste ?
Notre parti s’est profondément transformé. C’est une équipe totalement renouvelée, rajeunie, féminisée, avec des visages neufs, qui s’est présentée au suffrage des Français et qui a été élue dans les territoires. Nous avons changé le style, l’identité même du PS. Il faut écouter cette nouvelle génération et ne pas rester figé sur des images arrêtées.
Mais d’autres candidats peuvent encore solliciter l’investiture du PS ?
Bien sûr. Tout est ouvert.
Votre objectif, c’est d’avoir définitivement tranché la question à quel horizon ?
C’est le congrès qui devra en décider. Beaucoup de candidats sont déjà déclarés. Les socialistes ne peuvent pas rester l’arme au pied. Nous sommes tous impatients d’entrer en campagne.
L’idée d’une alliance d’union à gauche est définitivement enterrée ?
Je ne le souhaite pas. J’ai proposé de nous retrouver autour d’une candidature commune, et je l’ai fait de manière très ouverte en disant, dès le départ, que c’était sur la base de la meilleure offre que devrait se faire le choix. Après les élections municipales, départementales et régionales, il apparaît clairement que les socialistes sont de loin la force motrice à gauche. Nous avons fait le double des voix des écologistes aux élections régionales. Il est donc rationnel que le rassemblement s’opère derrière nous.
Sauf que vos partenaires ne l’entendent pas de cette oreille…
Ce sont eux qui ont choisi d’avoir leur candidat jusqu’au bout, sans vouloir explorer d’autres voies. J’ai formulé mes propositions bien avant de connaître les résultats des élections locales. Je n’ai pris personne au piège et j’ai fait campagne pour les candidats du rassemblement, quelles qu’étaient leurs étiquettes d’origine. J’ai été parfaitement loyal à l’ensemble de la gauche et des écologistes. Je suis aujourd’hui parfaitement fondé à demander ce rassemblement autour de notre candidature.
Comment convaincre les Verts de vous rejoindre ?
Il faut commencer par respecter leur procédure interne, en les laissant aller au bout de leur primaire. Et ne jamais couper le fil du dialogue.
Et Jean-Luc Mélenchon ?
Je pense que sa volonté n’est pas de gagner mais de continuer à témoigner de ce que portent les Insoumis. À un moment, pourtant, chacun devra se poser la question de savoir où sont ses responsabilités.
Le PS peut-il être au second tour l’année prochaine ?
L’histoire des élections présidentielles est constante : de Chaban-Delmas en 1974 à Alain Juppé en 2017, les candidats prédésignés par les sondages ne l’ont jamais emporté. À chaque fois, il y a des surprises. La règle en la matière, c’est qu’il n’y en a pas. Ou plus exactement, que les Français détestent qu’on leur dicte à l’avance leur choix. Nous ferons tout pour que le duel final ne soit pas celui annoncé depuis quatre ans. Je souhaite que les électeurs aient la possibilité de choisir entre un candidat de droite – un Républicain ou Emmanuel Macron – et nous.
Certains raisonnent en visant non pas la présidentielle mais les législatives qui suivront. Vous aussi ?
C’est un mauvais calcul. Faire l’impasse sur la présidentielle revient à dérouler le tapis rouge sous les pieds de Marine Le Pen et Emmanuel Macron. Il y a une profonde envie de changement dans ce pays. Il y a la possibilité de convaincre et de faire évoluer les rapports de force. Et que personne ne s’y trompe : les perdants de l’élection présidentielle n’ont jamais gagné les élections législatives. Les perdants voient leur électorat se démobiliser quand celui du vainqueur se mobilise pour donner une majorité au nouveau président. Moi, je ne cherche pas à avoir dix parlementaires de plus mais à construire une majorité qui permette de transformer la France. Je ne joue pas la défaite, je veux la victoire !