Conseil National de fin de Congrès

Conseil National de fin de Congrès


Chers camarades,

Nous venons aujourdhui de clore notre congrès. Je vous remercie toutes et tous de
votre implication pour mener à bien ce long processus qui sachève avec la
désignation de l’équipe de direction.

Sa vocation, son ambition, sont daccompagner les prochains mois, les campagnes
présidentielle et législatives et, audelà, de continuer la renaissance de notre
formation politique.

Dans quelques jours, nous désignerons celle ou celui qui nous représentera lors de
la prochaine élection présidentielle.

Comme Pierre vient de le rappeler, nous avons, conformément au vote unanime du
congrès, veillé à ce que chacun puisse communiquer la semaine prochaine en
direction de lensemble des militants, par écrit sous la forme dune profession de foi
détaillée, et sous la forme dun long échange vidéo.

Et à partir du 15 octobre au matin, dès que les résultats seront connus, nous entrons
en campagne !

Dans la nuit, nous ferons partir à limpression un premier tract de campagne et les
premières affiches avec lidentité de celle ou celui que nous aurons élu·e.

Les camarades du Secrétariat national se mettront immédiatement en mouvement.
En lien avec l’équipe de campagne du candidat, nous mettrons en place une équipe
opérationnelle qui fera le lien avec lensemble des fédérations.

Dès réception des premiers outils de campagne, physiques et numériques, nous
organiserons une première semaine de mobilisation. Sur les marchés, dans les
gares, sous les préaux, nous montrerons que nous entrons dans le débat avec la
ferme volonté de défendre des positions claires dans un moment de confusion.

Le 23 octobre, nous organiserons la convention dinvestiture à Lille où nous serons
accueillis par Martine Aubry et la fédération du Nord.

La période exige beaucoup de nous. Sans doute plus encore quau cours du demi
siècle passé.

Nous enchaînons les crises. Les Français en font lexpérience douloureuse sur le
plan social, économique, démocratique, écologique, sanitaire.

Dans cette France qui se cherche un destin, la question identitaire est venue remplir
un vide de sens et sest imposée dans les dias.

Le polémiste Éric Zemmour est sur toutes les antennes. Et cest par lui que je
voudrais entamer mon propos. Non pas pour contribuer, à mon tour, à en faire le
centre de toutes les attentions, mais pour dénoncer avec force la place qui lui est
faite. Dans la compétition que se livrent les médias, la course à laudience a
remplacé le devoir dinformer, le buzz sest substitué aux idées. Les jeux du cirque
ont leur règle : sans outrance, pas dexistence.

Alors désormais, on fait salon avec monsieur Zemmour, on discute volontiers de ses
saillies racistes comme s’il sagissait dopinions défendables puisquelles sont
enveloppées dans la soie de l’érudition.

Alors je le dis, puisque personne ne le dit.

Éric Zemmour est un fasciste.

Je sais quen prononçant ces mots, certains me pondront quil ne faut pas
exagérer. Après tout, Zemmour na quand même pas proposé douvrir des camps de
concentration.

Ces réflexions font écho à ces phrases dUmberto Eco prononcées à loccasion du
cinquantième anniversaire de la libération de lEurope : « le fascisme est toujours
autour de nous, parfois en civil. Ce serait tellement plus confortable si quelquun
savançait sur la scène du monde pour dire : je veux rouvrir Auschwitz. Hélas la vie
nest pas aussi simple. Le fascisme est susceptible de revenir sous les apparences
les plus innocentes. Notre devoir est de le démasquer, de montrer du doigt chacune
de ses nouvelles formes, chaque jour dans chaque partie du monde ».

Sil ny eut quun seul nazisme, il est possible de jouer au fascisme de mille façons.
Et cest à ce travail de reconnaissance que nous invitait ce grand humaniste il y a
déjà trente ans. Il fixait ainsi les caractéristiques du fascisme primitif :

Le culte de la tradition : la vérité a été annoncée une fois pour toutes. On ne
peut que continuer à interpréter son obscur message,
Le refus du modernisme, c’estàdire le rejet de l’esprit de 1789, du siècle des
Lumières, conçu comme le début de la dépravation,
La suspicion envers le monde intellectuel,
Le désaccord présenté comme une trahison,
L’exacerbation de la peur de la différence,
L’instrumentalisation des frustrations individuelles et l’appel aux classes
moyennes épouvantées par la pression de groupes sociaux inférieurs
La nationalité comme privilège de gens à qui on signifie qu’ils sont assiégés,
La dénonciation d’un complot qui vient de l’intérieur,
La vie présentée comme une guerre permanente,
Le culte de l’héroïsme étroitement lié à celui de la mort,
Puisque la guerre permanente et l’héroïsme sont des jeux difficiles à jouer, le
transfert de la volonté de puissance sur les questions sexuelles. Avec à la clé
le mépris des femmes et la condamnation des mœurs non conformistes,
Un leader, interprète du peuple et de la volonté commune, en lieu et place
d’un parlement présenté comme corrompu.

Voilà la définition du fascisme.

Que nous manquetil pour comprendre ce qui sinstalle sous nos yeux, au grand
jour ?

Ses nouveaux admirateurs me rétorqueront que ces caractéristiques sappliquent
aussi bien à lislamisme radical. Oui, lislamisme radical est un fascisme. Mais on ne
combat pas une forme de fascisme par une autre forme de fascisme ! On laffronte
avec les valeurs de ceux qui sont morts pour la France. Morts pour que lon puisse
continuer à vivre ensemble quelles que soient nos convictions religieuses ou
civiques, nos origines, ou nos prénoms.

Il ny a pas plus français que ces prénoms : Missak, Spartaco, Szlama, Celestino
Ils le sont par le sang versé. Ils étaient la France quand le maréchal Pétain
collaborait dans la honte, livrait des juifs, hommes, femmes et enfants, français ou
étrangers.

Alors je sais que dautres vont lever les yeux au ciel et, bardés de leur impuissance,
me diront : à quoi bon employer les grands mots, ressortir laffiche rouge et les
visages hirsutes du groupe Manouchian ? De toute façon, la dénonciation, ça ne
marche plus.

Mais je ne suis pas venu vous parler de dénoncer, mais de combattre !

Et le combat, ça commence par mettre des mots sur des idées, sur des faits, « pour
ne pas ajouter aux malheurs du monde » pour reprendre Camus.

Le combat, ça commence par le refus de la banalisation. Le refus de céder à ce que
lon croit être lesprit du temps. Le refus de débattre poliment des propos dun raciste
récidiviste. Le refus de suivre une pente que lon croit facile.

Oui, je sonne lalerte.

Je sonne lalerte parce que je ne veux pas que les plus jeunes puissent mettre un
signe d’équivalence entre ce que nous disons et ce que disent les fascistes. Je ne
veux pas que le travail de mémoire, l’éducation des générations aprèsguerre, tout
ce travail pour que le pire ne soit plus notre avenir, soit réduit à néant.

Elle réclame l’égalité, à commencer par l’égalité entre les femmes et les hommes.

À cette génération #MeToo, je dis que nous voulons en finir avec lomerta qui a trop
longtemps couvert les violences faites aux femmes. Nous ferons tomber les tabous
qui pèsent sur la prise en charge de leur santé, sur leur parentalité, sur leur
sexualité. Parce que oui, le privé est politique.

Nous voulons augmenter le pouvoir dachat des Français parce quil est temps de
leur rendre la part qui leur revient. Mais je le dis aussi, nous commencerons par les
Françaises, et dans le prochain quinquennat, lobjectif doit être l’égalité salariale
entre les femmes et les hommes. Ce sont ces femmes dont on a loué les vertus de
premières de corvée qui en seront les premières bénéficiaires : caissières, femmes
de ménage, aides soignantes, infirmières, aides à domicile. Sans oublier ces sages
femmes qui, hier encore, nont eu dautre choix que de manifester pour être payées
dignement pour lexercice de lun des plus beaux métiers du monde

Ouvrons les yeux ! Une société qui dévalorise les métiers de lattention aux autres et
qui, « en même temps », tolère l’évasion fiscale, diminue limposition des plus riches
quand tous les autres sappauvrissent, est une société en sursis.

Cette semaine, la presse dinvestigation a révélé le nouveau scandale des Pandora
Papers. Après les « offshore Leaks, Luxleaks, Panama Papers, Paradise Papers »

Et quapprendton le lendemain ? Bruno Le Maire et les ministres des finances de
lUnion européenne trouvent le moyen de réduire la liste noire des paradis fiscaux !

Cest la nausée. Cest ce que jai dit dans lhémicycle et que je redis devant vous.

Chaque année, la France et lUnion européenne voient ainsi s’évader 20 % de leurs
recettes au titre de limpôt sur les sociétés. Ce que ne paient pas ces individus ou
ces entreprises, ce sont tous les autres qui le paient ! Il est le vrai raslebol fiscal
des Français !

La frontière entre fraude et optimisation fiscale agressive est bien mince. Toutes ces
opérations ne sont pas illégales, mais elles sont immorales parce quelles laissent à
tous les autres le soin de payer la contribution aux biens communs : hôpitaux,
écoles, police, services publics…

Quand à la fraude sajoutent les cadeaux fiscaux sur lISF, la flat tax ou lexit tax,
pour ne citer que les plus célèbres, il y a de quoi bouillir.
Sur ce quinquennat, 220 milliards de cadeaux aux plus riches et daides aux plus
grandes entreprises sans contreparties.

Les solutions existent. Nous les avons défendues. Elles ont été jusquici
systématiquement repoussées par le gouvernement. Nous les défendrons à nouveau
dans cette élection présidentielle parce quil nest pas de cohésion sociale sans
justice fiscale.
Nous voulons la transition écologique. Cette transition nest plus seulement un
objectif, elle est devenue un impératif.

Elle va supposer de changer nos façons de consommer, de nous déplacer, de nous
loger.

Mais la transition écologique suppose aussi la justice sociale ! Sans la justice
sociale, la transition naura pas lieu. Elle sera contestée sur les rondspoints et dans
les rues.

Le prix de l’énergie augmente de façon vertigineuse. Cet hiver, il y a des familles qui
vont devoir arbitrer entre se chauffer et manger. Dautres devront emprunter, non
plus pour investir, mais simplement faire face à ces dépenses de la vie courante.

Le gouvernement a inventé le blocage des prix après la hausse, le parapluie après la
pluie. Il concède un chèque de 100 euros quand laugmentation représente, pour un
couple avec deux enfants, 800 euros par an. Et ce chèque nest accordé quaux
foyers cumulant un revenu de moins de 1 800 euros par mois…

Trop peu et trop tard ! Par comparaison, le gouvernement espagnol de Pedro
Sanchez a baissé de 50 % la TVA sur le gaz et l’électricité !

Les plus précaires dont le gouvernement se soucie si peu, ce sont encore ceux qui
vont payer sa réforme de lassurance chômage. Et parmi eux, dabord les plus
jeunes qui se verront priver de laccès à lindemnisation. Quil ne vienne pas ensuite
nous dire que « 20 ans reste le plus bel âge de la vie ». Lentrée dans l’âge adulte ne
peut pas ressembler à un parcours du combattant, un bizutage cruel qui oblige à
passer par les files des soupes populaires. Cest pourquoi nous portons lidée dun
« minimum jeunesse ».

Ce débat sur lassurance chômage nest que la préfiguration dun autre : qui va payer
la facture du « quoi qu’il en coûte » ? Aujourdhui, ce sont les chômeurs qui paient
lacompte. Demain, les retraités. Et ensuite tous les autres, les classes moyennes,
les classes populaires qui règlent pour tous ceux que le gouvernement épargne.

Ils sont les débats de la présidentielle.

La justice, cest la seule boussole possible. Cest la nôtre. Je pourrais multiplier les
exemples hors de lactualité immédiate, mais ce nest pas le jour.

Vous lavez compris, chers camarades, jai simplement hâte dentrer en campagne.
Hâte de rendre les coups. Hâte de démonter avec vous tous les discours déclinistes,
défaitistes, fatalistes. Hâte de combattre les discours populistes, complotistes,
nationalistes. Hâte de faire face aux olibéraux, globalisés, qui placent lÉtat au
service du capital, détruisent nos biens communs, refusent le partage équitable de la
valeur ajoutée et ne respectent ni les hommes ni la nature.
Oui, jai hâte de parler aux côtés de notre candidate, ou candidat, de cette
République sociale, écologique, féministe, démocratique à laquelle jaspire. Hâte de
dire avec vous toutes et tous, ce que les socialistes portent.

Tenezvous prêts.

Le 14, tout commence.

Vive les socialistes, vive la gauche, vive la République et vive la France !