Le « choc » de la réalité

Le « choc » de la réalité

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Pendant la campagne présidentielle Nicolas Sarkozy a fait du pouvoir d’achat l’un de ses thèmes clés, si ce n’est le principal. Son « travailler plus » n’a eu d’écho que parce qu’il devait procurer un « gagner plus ». Un trimestre plus tard, la réalité a un autre visage.

Le président a convoqué en juillet une session extraordinaire du Parlement. Il fallait aller vite, adopter sans délai un « paquet fiscal ». Ce lot estival devait – rien de moins – procurer un « choc de confiance » qui se muerait en « choc de croissance »…
La critique, soulignant l’injustice de la mesure, était classée par de nombreux commentateurs au rang des archaïsmes dont doit se débarrasser une gauche dont le « logiciel » est daté.

Or, que constatons-nous lors de cette rentrée ? la loi fiscale n’est pas seulement inéquitable, elle se révèle injustifiable sur le plan économique.

Tous les signaux sont à l’orange :
– Crise financière américaine
– Déficits publics élevés (du budget de l’Etat comme des comptes sociaux)
– Hausse des prix parmi lesquels les produits de 1ere nécessité.

Les trois moteurs de la croissance sont affaiblis :

– Investissements des entreprises très faibles
– Déficit de la balance commerciale
– Pouvoir d’achat en baisse, consommation aussi. Et toutes les dépenses fiscales ne vont concourir en rien ou presque à la relance de la consommation.

Privés d’une croissance forte, ce sont les Français qui vont devoir régler « cash » les cadeaux fiscaux. Le gouvernement lui-même expliquait voici quelques mois qu’il fallait 3% de croissance en 2008 pour absorber « le paquet fiscal ». Et F. Fillon n’ose plus évoquer qu’un taux de croissance de 2,25%, ce qui constitue déjà en soi un déni de réalité, TANT ces prévisions apparaissent chimériques.

Cette facture prendra la forme de :
– Nouvelles taxes pour l’accès aux soins (improprement appelées franchises)
– Augmentation de la TVA
– Transfert de charges vers les collectivités locales non compensées par l’Etat qui obligent à l’augmentation de la fiscalité locale,
– Hausse prévisible de la CRDS
– Création d’un « plancher fiscal » (on crée un plafond pour les riches et un plancher pour les autres).
– Plan de rigueur pour les fonctionnaires
– Augmentation des tarifs publics et privatisation de services publics comme GDF.

« Travailler plus pour gagner plus » ? Il aura suffi d’un été pour que se dissipe l’illusion. Le seul « choc » que nous ayons à connaître est celui de la réalité.