tests ADN : vivre avec ses parents n’est ni une maladie ni un crime.
Le gouvernement a accepté l’amendement Mariani qui met en place un test ADN pour les candidats au regroupement familial. Quatrième loi en cinq ans sur l’immigration, la droite se contraint à la surenchère.
En rentrant de Grenoble l’autre jour, nous discutions de cette dérive avec Patrick Weil, directeur de recherche au CNRS et spécialiste de l’immigration.
Cette proposition est inacceptable, sur le principe :
– La loi bioéthique de 2004 limite le recours aux tests ADN, aux domaines médical et judiciaire. Etre candidat au regroupement familial n’est ni une maladie ni un crime.
– La famille n’est pas qu’affaire de biologie. Une définition aussi restrictive constituerait une terrible régression. Notre conception est heureusement plus large : elle mêle aux liens du sang, l’adoption, la reconnaissance d’enfants qui ne sont pas les siens, la recomposition de familles après les séparations.
– La famille française comme la famille immigrée doivent répondre à la même définition. Alors que le gouvernement travaille à un statut pour les beaux-parents (reconnaissance des familles recomposées) il serait contradictoire (ou discriminatoire) d’en revenir à une conception étroitement génétique de la famille.
En pratique, l’utilisation de tests ADN se heurterait à d’inévitables obstacles :
– Le paiement des tests par les demandeurs de visas constituerait une avance financière souvent dissuasive (150 euros par personne).
– La découverte de filiations naturelles (En France on estime qu’entre 3 et 8% des enfants naissent d’un père qui n’est pas le père légal) jusqu’alors inconnues menacerait l’équilibre des familles.
Au final, en rendant plus difficile et plus onéreuse l’immigration régulière, en multipliant les procédures discriminatoires, le risque serait de voir s’organiser de nouvelles filières d’immigration… clandestine.