Les patrons en mal de reconnaissance ?
Il paraît qu’à l’université d’été du MEDEF, les patrons font part de leur vague à l’âme. Ils auraient besoin de « reconnaissance »…
Ce matin, je zappe comme souvent d’une station de radio à l’autre. Je tombe sur Beigbeder (pas Frédéric, Charles. Pas l’ex soutien de Robert Hue, le chef d’entreprise…). A la question qui lui est justement posée sur cette soif de gratitude, le jeune entrepreneur répond en substance : ce sont les entreprises qui créent la richesse du pays et donc c’est vrai que nous (les patrons) aimerions davantage de reconnaissance.
En quelques mots tout est dit. Les entreprises nourrissent la France et les entreprises, c’est les patrons. En bref les patrons font la France et on ne les remercie pas assez pour tant de philanthropie…
J’ai participé à la direction d’une PME de 150 salariés dans laquelle j’exerçais la fonction de secrétaire général. Je connais la difficulté pour une entreprise à se frayer un chemin alors que la concurrence n’est plus nationale, mais internationale. Je sais l’implication des dirigeants d’entreprises pour assurer un carnet de commande, les longues heures de travail pour maintenir un chiffre d’affaires qui assure le paiement de la masse salariale, les heures de train, d’avion, de voiture pour décider un client, gagner un marché, rassurer un banquier.
Donc loin de moi l’idée de caricaturer ce qui ne mérite pas de l’être. Mais là, il y a comme un énorme impensé chez Beigbeder et ses amis. Assimiler les entreprises à leurs dirigeants, c’est un peu court ! Une entreprise, ce sont d’abord et surtout des salariés qui consacrent leur force de travail, utilisent leurs connaissances, mobilisent leur expérience ou livrent leur imagination pour créer de la richesse.
En bref, cher monsieur Beigbeder, vous bénéficierez de la gratitude du pays lorsque, notamment lorsque :
– vous ne feindrez plus de croire qu’une entreprise est essentiellement le fruit du génial travail de celui qui la dirige. Une entreprise est un collectif humain où chacun contribue à son niveau à la création de richesse.
– les rémunérations des dirigeants ne connaîtront plus des courbes ascendantes sans lien ni avec les résultats de l’entreprise, ni avec les augmentations des salariés.
Si je devais me résumer de quelques mots : la reconnaissance n’est pas impossible, mais elle se mérite. La meilleure voie est celle de l’équité et de la justice. Evidemment, le risque c’est de gagner moins, mais la reconnaissance, Monsieur Beigbeder, cela n’a pas de prix…