Pourquoi l’heure n’est pas à l’unité nationale.
Le gouvernement a soumis hier à l’Assemblée le plan européen pour sauver le système de crédit. Utilisant l’inquiétude légitime des Français, la droite voulait obtenir, à partir de ce vote, l’affichage d’une unité nationale. Les socialistes et les Verts ont fait le choix de l’abstention. Pourquoi ?
Le plan européen de sauvetage des banques n’est pas contestable. Nous l’avions demandé sans recevoir jusqu’alors la moindre réponse. Il sera, nous l’espérons, après l’échec du G4, décisif pour que la confiance revienne. C’est pourquoi la responsabilité imposait de ne pas s’opposer à l’adoption de ce plan. Mais s’il est nécessaire, il n’est pas suffisant.
La crise ne se limite en effet pas aux aspects financiers. Il faut traiter aussi la crise économique, celle qui va toucher le monde réel. Les entreprises comme les salariés, les chômeurs et les retraités. Les banques ne sont pas tout. Il faut aussi s’intéresser aux Français. Cela doit se traduire par une loi de finances qui soutienne notamment le pouvoir d’achat des ménages et les efforts d’investissement des entreprises, des collectivités ou des particuliers. Jusqu’ici le gouvernement n’a pas modifié d’une virgule son projet de budget initial. C’est-à-dire qu’il repose à la fois sur des hypothèses de croissance pour 2009 irréalistes, qu’il ne renonce en rien à l’erreur du paquet fiscal qui ampute de toute marge de manœuvre et qu’il ne soutient ni l’activité économique ni l’emploi. C’est un budget qui fait supporter sa rigueur sur les classes moyennes et populaires.
Enfin, la dernière raison pour laquelle un quitus ne peut être donné au gouvernement pour sa gestion de la crise tient au fait qu’elle n’est pas un accident regrettable comme le plaide la droite. Elle est le produit d’un système ultra libéral qui a atteint la surchauffe et va conduire des centaines de milliers de femmes et d’hommes au chômage, à la pauvreté, en un mot à la récession. La question n’est donc pas simplement de juguler dans l’urgence une hémorragie financière, il s’agit surtout d’interdire tout retour à la situation antérieure. Nous ne pouvons accepter que le système redémarre comme si rien ne s’était produit, comme si la crise n’avait jamais eu lieu. Il y a la version punitive de Nicolas Sarkozy qui annonce vouloir sanctionner les responsables de la crise. Pourtant, sans vouloir exonérer quiconque, l’enjeu est moins de retrouver des « fautifs » que de prévenir de nouvelles crises en modifiant en profondeur le système lui-même. A cette nécessité, le pouvoir reste sourd parce que ce sont ses propres dogmes qu’il lui faudrait accepter de remettre en cause. Le premier signal qu’il donne pour relancer la consommation et l’emploi, c’est l’ouverture du travail du dimanche qui est une nouvelle dérégulation du marché du travail.
C’est à un changement de logique et de modèle de développement que la situation appelle. Et pour dire vrai, ce n’est pas de ce gouvernement et de ce président que nous l’attendons.